Petit à petit les barrières se brisent, la libération se rapproche.
Sur ce texte, je viens à parler pour la première fois des troubles du comportement alimentaire, de la bigorexie aussi.
Bien sûr on devine que mon problème principal est celui de cette addiction au sport.
C’est un deuxième pas, après le texte « alcoolique anonyme », je pense à ce moment-là que franchir le pas de dire « Moi, Vincent, j’ai des troubles du comportement alimentaire » me paraît encore trop haut, mais les 2 prochains mois allaient me donner marche par marche le courage d’arriver à cette étape…
J’ai pas encore la trentaine, milieu aisé, déjà cadre supérieur
De grosses semaines, week-ends de folie, je vis à cent à l’heure
J’ai besoin de me détendre et en même temps tenir la cadence
J’enchaîne les soirées et on a commencé à me proposer des substances
Ma première expérience c’était lors d’une soirée à Ibiza
J’ignorais que c’est pour le cauchemar que je prenais un visa
Au départ c’était pour le fun mais je suis vite devenu accro à la cocaïne
Je passe mes soirées la tête dans les nuages, le nez dans la farine
La poudre blanche a commencé à me faire vivre des heures noires
Le regard rouge qui flanche quand je me regarde dans le miroir
Mes collègues et mes amis ont remarqué que j’étais plus le même
Que le travail baissait en qualité, que mon attitude posait problème.
Mon espérance de vie diminuait plus vite que les jours après l’équinoxe
A l’automne de ma vie, heureusement mes amis m’ont mis en cure de désintoxe
Aujourd’hui je suis un drogué qui s’en est à peu près sorti mais je traîne ma peine
Mon corps n’oubliera jamais ce que je lui ai mis dans les veines
Mon addiction m’a mené sur la mauvaise route, là où la pente est sévère
Elle m’a mené dans une impasse nommée descente aux enfers
Je suis victime de mes pulsions et je m’en sens coupable
Je tourne en rond dans un cercle vicieux, je suis devenu vulnérable
Mon addiction m’a pris m’a détruit le corps et la santé
Et j’ai eu de la chance de rencontrer ceux qui font que ma vie continue à chanter
Je suis une jeune lycéenne un peu timide mal dans sa peau
Je souffre de me sentir différente des autres, de pas être moi-même, comme un mal d’ado
Je rêve d’être comme ces mannequins que je vois dans les magazines
Mais je me trouve trop grosse, cette silhouette faut que je l’affine
Je commence à réduire mes rations et à sauter des repas
Je commence à me cacher pour manger je veux plus qu’on me voit
Peu à peu je m’isole et je commence à sentir chaque bouchée comme un crime
Mais le pire est à venir quand je commence à plus tenir mon régime
Je n’accepte plus mon poids sur ma balance ni mon reflet dans la glace
Je ne mangeais plus rien maintenant je m’empiffre de pizza, de sucre, de glaces
Pour préserver les apparences, je me fais vomir après les crises
Je me détruis l’estomac et c’est tout mon système que je fragilise
Mon insuline joue aux montagnes russes, mon pancréas ne sait pas sur quel pied danser
Plus aucun plaisir à manger, mon poids et ma silhouette obsèdent mes pensées
Je détruis mon corps que je rêvais celui d’une top model
Hier j’avais en tête de sauter et oublier que je n’avais pas d’ailes
Heureusement j’ai rencontré quelqu’un, mon confident, mon ange gardien
Aujourd’hui il m’aide à me reconstruire, toujours à me tenir la main
Anorexique devenu boulimique, je vais mieux mais j’ai toujours honte de mon corps
Des vergetures comme séquelles, un retour à l’équilibre qui demande tant d’efforts
Mon addiction m’a mené sur la mauvaise route, là où la pente est sévère
Elle m’a mené dans une impasse nommée descente aux enfers
Je suis victime de mes pulsions et je m’en sens coupable
Je tourne en rond dans un cercle vicieux, je suis devenu vulnérable
Mon addiction m’a pris mon estime de moi
Et j’ai eu de la chance de rencontrer ceux qui m’ont redonné la foi
Je suis cette étudiant en 1er année universitaire, studio étudiant, j’ai enfin ma liberté
Mon ordinateur est ma raison de vivre, et ça depuis bien avant la puberté
Je développe, je programme, je joue, je suis ce qu’on appelle communément un geek
Et depuis cette rentrée, c’est devenu ma seule occupation, un déclic pour les clics
Je ne sors plus et je passe les 3/4 de ma journée à jouer je m’éloigne du monde réel
Je suis devenu un expert, j’ai des tas d’amis et je suis un killer, mais dans un monde virtuel
En vrai j’ai la face plus blanche que l’aspirine depuis que j’ai oublié ce qu’est le soleil
J’ai des cernes profondes comme le grand canyon depuis que je connais plus le sommeil
Niveau hygiène j’ai revu toutes les exigences à la baisse je vis dans l’insalubrité
À passer mon temps sur la toile, je ne vois pas que je vis au milieu des toiles d’araignée
Dans l’appart s’entassent les boîtes de pizza et les canettes
Un seau pour les besoins car je prends plus le temps d’aller aux toilettes
Je me suis coupé du monde mais heureusement mes parents s’en sont inquiétés
Ils m’ont coupé les crédits, jeté l’ordi, je suis devenu hystérique mais je les remercie en vérité
Merci à eux d’avoir vu qu’il y avait vraiment quelque chose qui clochait
Aujourd’hui je suis un geek en HP et je parle pas de l’ordi, oui c’est vraiment dur de décrocher
Mon addiction m’a mené sur la mauvaise route, là où la pente est sévère
Elle m’a mené dans une impasse nommée descente aux enfers
Je suis victime de mes pulsions et je m’en sens coupable
Je tourne en rond dans un cercle vicieux, je suis devenu vulnérable
Mon addiction a détruit ma vie sociale et mes repères
Et j’ai eu de la chance de rencontrer ceux qui m’ont remis les pieds sur terre
Je suis ce sportif accompli depuis longtemps, un modèle d’équilibre
Un corps d’athlète, un esprit sain, une passion qui me fait vivre
J’ai le goût de l’effort et le dépassement de moi comme religion
Toujours la tête haute, le buste fier, jamais une chute de motivation
Cette force est ma plus grande faiblesse et je ne le sais pas encore
Une obsession à toujours vouloir aller plus haut plus loin, à vouloir être plus fort
Des temps à battre, des objectifs à atteindre, je mets au sommet mes idéaux
À l’entraînement je suis celui qui aime faire beaucoup et va finir par en faire trop
Je rallonge et multiplie les séances, supprime les temps de récupération
Toujours à bloc sur les stades, à la piscine ou dans les salles de musculation
Mon corps me trompe, hormones au top, je carbure aux endorphines
Jusqu’à ce que la blessure m’arrête, le doute s’installe sur toutes les lignes
Alors je reprends plus fort pour rattraper le temps perdu, une pulsion maladive
Et je me perds, plus de plaisir ni de repères, je suis devenu un sportif à la dérive
Heureusement je rencontre un entraîneur qui vient éclairer mon chemin
Pas facile de retrouver l’équilibre mais je suis bigorexique qui s’est repris en main
Mon addiction m’a mené sur la mauvaise route, là où la pente est sévère
Elle m’a mené dans une impasse nommée descente aux enfers
Je suis victime de mes pulsions et je m’en sens coupable
Je tourne en rond dans un cercle vicieux, je suis devenu vulnérable
Mon addiction a pris ce que j’avais de plus précieux, ma passion
Et j’ai eu de la chance de rencontrer ceux qui m’ont remis dans la bonne direction
Je suis ce quinquagénaire chef d’entreprise, qui mène une vie paisible
Un soir des congénères m’invitent à une soirée poker je sais pas encore qu’ils font sauter le fusible
Rapidement j’y prends goût et je commence à jouer sur le net
Mais le virtuel manque d’adrénaline et je commence à fréquenter des cercles pas très nets
Au début ça se passe bien, peu d’enjeux petites sommes et je me débrouille plutôt bien
Je sais pas encore que je suis le petit poisson naïf dans le lac aux requins
Je passe mes soirées dans des bars obscurs avec les fripouilles des tripots
Les salades à ma femme et mes enfants, papa a beaucoup de boulot, papa bluffe c’est du pipeau
Je commence à jouer gros avec de l’argent que j’ai pas, ma chance a tourné
Personne à qui me confier, trop de honte pour parler de mes dettes et pas le temps de me retourner
Les menaces de mes créanciers, ma famille en danger, je ne sais plus quoi faire
Sans solution, moi le toujours discret je vais alimenter la rubrique des faits divers
Un sombre soir où je vais truffer de plomb ma femme et mes filles que j’aimais à en mourir
Je mets le feu à la maison et retourne l’arme contre moi, drame familial comme ils vont dire
Parce que personne n’a rien vu, parce que je n’ai pas eu le courage d’en parler
Trois innocents et un pauvre type ont vu leurs rêves partir en fumée
Mon addiction m’a mené sur la mauvaise route, là où la pente est sévère
Elle m’a mené dans une impasse nommée descente aux enfers
Je suis victime de mes pulsions et je m’en sens coupable
Je tourne en rond dans un cercle vicieux, je suis devenu vulnérable
Mon addiction a tout détruit autour de moi, je me suis enfermé dans le mensonge, dans un monde irréel
Et je n’ai pas eu la chance de rencontrer la bonne personne, ça a rendu mon addiction mortelle
Les addictions peuvent ne rien paraître, multiples et parfois surprenantes
Que l’entourage ne voit pas ou parfois ne veut pas voir, une vision consternante
De ces blessures souvent invisibles qui sont pour beaucoup un combat quotidien
À ces comportements irrationnels, à ces cicatrices de l’âme, je vous apporte tout mon soutien
ADDICTIONS (04/08/2019)