A ce moment-là, c’est bien le texte le plus difficile à accoucher, mais le bébé doit sortir maintenant, le terme est dépassé depuis longtemps.
J’avais espéré être capable d’abord le sujet un an plus tôt, une promesse que je m’étais faite le 25 août 2019, jour de mes 34 ans, où, si j’avais gagné, j’aurais parlé de mon expérience…
Quel regret… Le bon moment c’est toujours maintenant… Ah si j’avais été capable de m’en libérer ce jour-là… Marion ne serait elle pas plus facilement venue me parler de ses problèmes ? Peu importe, les si ne changent pas le monde réel ! Nos actions si ! Alors j’en parle, pour moi d’abord, pour me libérer de ce fardeau, de ce boulet trop lourd désormais à porter pour moi, et puis l’armure a sauté…
J’ai besoin de me sentir libre aussi, j’ai besoin d’être moi-même. Si je dois être attaqué, autant que ce soit pour ce que je suis. Voilà ma blessure, vous la voyez, vous la connaissez et je l’assume.
Beaucoup viendront me parler de leurs soucis du même ordre. Ça ne mettra pas un terme aux miens, mais ça aidera à changer ma façon de les percevoir.
J’ai souvent des phases qui pourrait se partager dans le Gorafi
Mais en vrai comprends que mes textes sont mon autobiographie
Là encore je m’apprête à parler de Vincent
De cette histoire qui dure depuis environ vingt ans
Prit racine au siècle dernier, on payait alors en francs
A l’échelle de ma vie, ça en représente 60%
On va parler de ce qu’on appelle troubles du comportement alimentaire
Changement de silhouette, quelques roubles pour le compartiment vestimentaire
Je l’annonce un peu brutalement, désolé si je jette un froid
C’est vrai qu’à 20-30 kilos près, ben j’ai toujours fait le même poids
D’un adolescent bouboule qui décide de devenir athlète
Quelques mois sur la bonne voie avant de s’y casser la tête
De grignotages gargantuesques, où je me suis empiffré de calories
Trop intenses et trop nombreux pour espérer monter de catégorie
Puis parfois des petites périodes à faire la limace, à se nourrir de feuilles de salade
Les deux extrêmes et dans les deux cas, ce qu’il faut pour se rendre malade
Un problème devenu complexe qui m’a rendu associable
Une torture émotionnelle que de partager un moment à table
Ça contribuera à des blessures plus graves, à y laisser ma colonne vertébrale
Comme un témoin des plus belles années, envolées comme le vent par rafales
Il y a quelques années, ça m’a envoyé à deux doigts du cimetière
Et bien en place dans ma poitrine, j’ai érigé un cœur de pierre
J’en garde une plaie ouverte dans mon âme que je voile pudiquement
Une belle cicatrice à l’avant-bras, que maintenant j’exhibe fièrement
Elle montre de la force dans la faiblesse, peut-être celle d’être un survivant
De m’être toujours relevé dans l’échec, d’être allé et d’aller toujours de l’avant
De ces milliers de kilomètres fait uniquement pour compenser,
Lutter contre mes excès, un besoin plus vital que ce qu’on pensait
Des tonnes de fonte et de sueur pour garder une carrure athlétique
J’ai développé une autre addiction, je suis devenu bigorexique
Mon poids, encore aujourd’hui, je ne peux pas dire que je m’en balance
Mais peu importe les chiffres ou le miroir, je sais qu’il faut que j’avance
J’ai été fort trop longtemps maintenant faut vraiment que je le sois
Bien entendu, ils sont si peu dans la confidence, et cela va de soi
Je crois qu’on peut dire que c’est ce qui nous avait fait nous rapprocher
Ensemble dans la lutte, on trouvait quelqu’un sur qui se raccrocher
À chaque fois que je repousse le moment d’en parler, je m’apostrophe
Si j’avais eu le courage plus tôt, j’aurais pu éviter quelques catastrophes
Si j’avais eu la force d’en parler j’aurais peut-être pu changer l’histoire
Peut-être que ma petite sœur, tu n’aurais pas eu tous ces déboires
Maintenant je me dois d’en parler, pas franchement que j’en ai envie
Mais peut-être qu’avec mes mots je contribuerai à sauver une vie
Petit message à tous ceux dans la souffrance
Je crois bien que nos vies méritent mieux que nos silences
Parce que je peux témoigner maintenant serein d’avoir eu envie de mourir
Symbolique qu’à mon écoute, j’espère pouvoir t’offrir de quoi te nourrir
Même dans la souffrance, quelque part mon cœur n’a jamais cessé de sourire
Ma porte ne sera jamais fermée à tous ceux qui ont envie de s’ouvrir
Passe à la maison, tu trouveras du thé chaud et mon oreille écoute attentivement
Ainsi qu’une main posée sur ton épaule ou ton avant-bras et un regard sans jugement
J’ai passé deux décennies à rester la tête dans le sable
Il a fallu un éclair dans mon ciel ; devenu mentalement infranchissable
Maintenant je suis prêt à affronter toutes les critiques sur mon vécu
Je t’invite à le faire ; anti fragile je me renforce quand on me tape dessus
J’étais prêt, je ne le savais pas, mais maintenant j’en suis sûr
Enfin convaincu que je laisse derrière moi les années les plus dures
J’avais fait de la souffrance ma meilleure amie, pour lutter contre la solitude
Mais en réalité j’ai fait fausse route, la souffrance n’a pas de sollicitude
Aujourd’hui je viens violer ma pudeur pour moi, pour toi, et pour le monde
Que tu souffres d’une silhouette normale, fragile ou un peu plus ronde
Beaucoup de regards vont changer d’avoir jeté ça comme une bombe
Peut-être que ce sera bien plus utile que de l’amener au fond de ma tombe
Elle m’a donné mal au ventre, mal au cœur et mal au corps
Elle m’a donné mal hier, me donne et me donnera mal encore
Maintenant vous savez combien je me suis construit dans la souffrance
Je trace mon chemin, demain j’espère faire preuve de résilience
42. L’ENFER DES TCA (02/10/2019)