Le regret, peut-être aussi une part de reproche, celui de t’avoir toujours attendue ces derniers mois, dans la vie comme sur le vélo mais que tu ne m’aies pas attendu ni dans la vie, alors que je découvrais l’amour plus encore que toi, ni sur le vélo, les jours où j’étais moins en forme ou simplement quand tu te pensais moins forte (le Petit Saint-Bernard, l’Alpe d’Huez, la Hourquette)
Cruel parallèle entre le vélo et la vie. J’avais besoin de toi, que tu viennes me chercher, que tu m’aides à me découvrir et à me révéler, j’avais besoin de temps pour accéder des projets, peut-être en avoir envie, comme fonder un foyer, une famille.
Je partais d’aussi bas que toi à peine un an et demi plus tôt, j’ai l’impression que tu l’as parfois oublié.
J’ai franchi des montagnes, mais pour d’autres, j’avais besoin de temps, de temps et de toi…
Je n’ai pas eu le temps
De devenir un homme, de finir mon évolution
D’aller dans les profondeurs de mon exploration
De me poser les bonnes et plus intimes des questions
De donner le plus noble des sens à ma rémission
J’ai été parfois trop sincère,
A en devenir malhonnête
A envoyer mes chances en l’air
Et aujourd’hui je m’en prends la tête
Je n’ai pas pris le temps
Et c’est le temps qui m’a pris
Je n’ai pas su vivre dans l’instant
Cet enseignement que la vie m’apprit
Et je l’ai compris trop tard,
J’ai trop pris le temps, à en naître en retard
Car si tu proposes, c’est bien la vie qui dispose
Et parfois elle indispose, et parfois elle s’interpose
Et c’est quand elles sont perdues
Que tu prends conscience de la valeur des choses
Quand le temps a repris son dû
Que tu comprends que c’est toujours la vie qui s’impose
Je n’ai pas pris, pas eu le temps d’être prêt
A m’en retrouver dépourvu de ne pas penser à l’après
La vie m’a pris, plus de force que de gré
Et c’est dans l’éternité que s’ancreront les regrets
Je n’ai pas pris le temps,
Ou j’ai trop mis le temps,
Alors il m’a rattrapé, inextricable
L’ambiance s’est plombée, inexplicable
La vie m’a frappé, comme implacable
La sentence tombée, elle est irrévocable
Je n’ai pas pris le temps,
J’ai voulu aller trop vite
Je n’ai pas pris le temps
Et j’ai heurté mes limites
Je n’ai pas pris le temps,
Celui de déconstruire toutes mes convictions,
Celles qui s’étaient ancrées dans la peur
Je n’ai pas pris le temps,
Celui nécessaire pour finir mon évolution,
Et elle s’est consumée en vapeur
Je n’ai pas eu le temps de briser mes barrières
Celles que j’avais moi-même installées
Et aujourd’hui, il n’y aura pas de retour en arrière
Il est passé le temps, il s’en est allé
Demain sûrement,
Je n’aurai plus peur d’avoir une famille et des enfants
Mais demain justement,
Il est déjà trop tard, et le temps est passé devant
Demain, je n’aurai plus eu peur d’être un homme,
Et la vie m’aurait éclairé de ses phares
Mais le temps s’est imposé par ultimatum,
Je n’ai pas eu le temps, et il est déjà trop tard
Je n’ai plus le temps et j’ai la rage,
Maintenant que le livre s’est refermé
J’espérais y écrire les plus belles pages
Mais la vie me l’a claqué au nez
Je n’ai pas pris le temps, et maintenant il est passé
Même si je participe à mon présent, je me sens si imparfait
Si ce temps me fait mal, je peux le conjuguer à la dure
Il reste un simple passé, toujours antérieur à mon futur
Et pour mon avenir, je signe, sachant que je n’aurai pas le temps
Et même si je saigne sur toute la ligne, je suis là, je reste partant
Car c’est en espérant qu’un jour on peut battre le temps
Je sais que je n’ai pas le temps d’être autre qu’un battant.
PAS LE TEMPS (13.10.2020)