Le Ventoux

On dit souvent que le vélo est l’école de la vie,
Alors je ferai le parallèle avec un col qui me donne envie
Comparer une montée de col aux obstacles de l’existence
Je vais prendre un exemple, on va grimper le géant de Provence
Je vous emmène prendre la route au départ de Bedoin
Comme dans la vie partir pour répondre à un besoin
Au pied du Ventoux, on voit le sommet, la tour, l’observatoire
Il paraît si loin, si haut, sa tête dans le brouillard parfois jusqu’au soir.
Quand il est dans les nuages alors tu ne peux que l’imaginer
Tu le vois si haut et si loin tu te dis que tu n’y arriveras jamais
Plutôt que ne pas commencer,
Découpe-les en étapes, on va monter kilomètre après kilomètre
Ca va t’aider à te lancer
A ne pas voir cet obstacle comme ton maître
Car devant toi, la route sa cabre sans une once de descente
N’avoir en tête que d’arriver à la borne suivante
Fais de chaque kilomètre effectué un accomplissement en soi
Que chaque étape franchie dans ton projet te donne confiance en toi
Ne sous-estime pas ces petites réussites
Chaque pas repousse un peu tes limites
Tu peux y voir un effort d’1 x 20 kilomètres,
Et face à la montagne te voir trop petit
Ou choisir de l’aborder comme 20 x 1 kilomètre,
Pour en faire autant d’objectifs réussis
Tu peux le voir comme un seul gros accomplissement
Ou tu peux voir chaque étape qui conforte tes sentiments
Transforme un grand objectif hypothétique en une multitudes d’étapes
Et en faire autant de challenges ou d’aventures
Ne pas foncer tête baissée, la montagne se bat et te frappe
Et peut se révéler infranchissable tel un mur
Rappelle toi aussi que le bonheur est dans le chemin plus qu’au sommet
Que bien nombreux sont ceux qui l’ont ignoré et se sont paumés
Si tu pars, tu pourras te dire que tu auras fait un bout du chemin
En avoir conscience aussi pour ne pas remettre ton projet à demain
Chaque coup de pédale vers le sommet te rapproche d’où tu veux aller
Autant qu’il t’éloigne d’où tu viens et de ce que tu veux quitter
Chaque seconde, ces petites actions te sortent de ta vie actuelle
T’éloignent de tes tourments et permettent de rendre ton rêve réel
Car en t’approchant de ce que tu veux,
Tu t’éloignes de ce que tu ne veux plus
Va droit au but, vers ce qui te rend heureux,
Concentre-toi sur l’essentiel et élimine le superflu
Ne crois jamais que tu ne peux pas, que c’est impossible
Ca dépend de toi, mais sois bien outillé pour atteindre ta cible
Sois réaliste dans ton objectif et ta préparation
Il va falloir avoir l’esprit vif et une dose de motivation
As-tu le matériel et ton GPS comme tu as les compétences et les soutiens
Quelle est la route qui mène à ton sommet, dois tu tracer un nouveau chemin ?
Rappelle-toi que ton objectif doit être réaliste
Rappelle toi de toutes les étapes de ta liste
Il doit aussi représenter un challenge motivant
Un peu d’adrénaline et l’envie de se rentrer dedans
D’affronter cette part de soi, celle de la peur
Celle qui transcende et nous permet de donner le meilleur
On dit que chaque voyage commence par un pas
Et le premier est souvent le plus compliqué
S’interroger si on peut le faire, si on y arrivera
Mais on est sûr de rater le train si on reste à quai
On est parti depuis un moment, tu vois mes ruses de renard
Je t’ai mené avec malice, on est déjà au Chalet Reynard
Profite en, de ce petit moment de trève,
C’est le premier depuis le virage de Saint-Estève
Jette un oeil en arrière voir le chemin parcouru
Vois comment tu as pris de la hauteur
Face à toi ce paysage lunaire, il te donne la berlu,
Il prend aux tripes, il prend à même le coeur
Et le vent cingle ton visage, te monte à la tête
Ne souffle pas avant le col des tempêtes
Tu croises ceux qui descendent et se laissent maintenant aller
Quelques minutes, et ce sera à ton tour d’en profiter
C’est déjà la flamme rouge, la dernière épreuve
Bravo, tu as réussi, tu as bien fait tes preuves
Tu as monté le Ventoux, tu n’y croyais pas
C’était dur, c’était long mais tu ne le vois plus d’en bas
Vois ceux que tu as laissés derrière sans les prendre de haut
Ce sera bientôt à toi d’être le guide, de leur faire le topo
De comment tu as gravi ton Ventoux, ta montagne,
De ce que ça t’a rendu meilleur, de ce tu y gagnes

Notre Marathon

Ce jour-là, je sais que c’est un défi pour toi, ça l’est pour moi.

Je suis dans la même inconnue que toi, que celle de réaliser une épreuve que je n’ai encore affrontée.

Mais je n’ai aucun doute que je le terminerais pour toi, avec toi. Pour te montrer que je suis prêt à aller au-delà de mes limites connues à tes côtés.

Un moment de partage où tu m’as impressionné par ton courage et ta force dans cette période si difficile, je pensais que tu le terminerais mais pas avec cette performance et pourtant je ne doutais pas de toi et de ta force.

J’étais heureux d’être à tes côtés en ce matin froid et pluvieux, j’étais surtout heureux de te voir en battante, de te voir fière de réussir de nouveau quelque chose de grand.

Et puis ce Marathon, il est à l’image de tout ce qu’on a à vivre ensemble, à avancer et à se battre côte à côte.

Un premier défi ensemble dans notre seconde vie, comme il y en aura dans d’autres dans les mois qui suivront, comme, je l’espère il y en aura encore tant d’autres devant nous.

 

Par un froid dimanche de décembre, une ligne de départ
Deux égarés dans la foule, que font-ils là sans dossard
Fruits d’une histoire peu commune, marquée par ta souffrance
Être ensemble, et l’espoir de finir comme unique performance
Ce matin, on part sur les traces de Philippidès
On court pour que passe un peu la détresse
On court pour que nos voies un peu se redressent
Pour que notre courage trouve sa part d’tendresse
A mes yeux, ces 42 kilomètres, c’est un peu un mythe
Je pars humblement tant ça paraît hors de mes limites
Pour te montrer qu’à tes côtes je casse mes barrières
Pour te montrer que mon engagement n’a pas de frontières
Affronter ça il y a quelques semaines, je me serais vu fou à lier
As-tu imaginé ma foulée lourde et pensante de vieux sanglier
Quant à toi, hors de forme, c’est l’orgueil qui te pousse ici
Te prouver que tu peux te dépasser, que tu as toujours en toi l’envie
Notre marathon c’est un défi de taille pour tous les deux
Une aventure qui fera des souvenirs dans 50 ans au coin du feu
En plus on court pour une bonne cause qui nous rassemble
Et aussi montrer au monde que maintenant on court ensemble
Ce marathon du téléthon, ils l’ont nommé celui de l’espoir
Moi j’aime cette idée, car demain tu n’auras plus les idées noires
Côte à côte, on va se battre et avancer avec notre tête, avec notre cœur
Prendre conscience que c’est quand on est ensemble qu’on est meilleurs
Comme tu me fais réaliser ce que je n’aurais jamais pu imaginer
Comme tu m’as montré que tu as encore la rage, c’est peut être inné
A te voir tout donner ce matin, j’avoue j’ai ressenti de la fierté
Je croyais déjà en toi mais je reconnais que tu m’as bluffé
Prends conscience que c’est grâce à toi que j’arrive à me dépasser
Et que je serai à tes côtés pour toutes les belles lignes qu’il te reste à tracer
Trois heures quarante de plaisir, de doutes et de douleurs
A se soutenir et s’engueuler comme le feraient un frère, une sœur
Une course pour l’espoir, pour la vie, j’ai confiance on va réussir
42 kilomètres comme symbole de ce qui va désormais nous unir
Equipiers dans le sport, devenus équipiers dans la vie
Une aventure singulière, et peu importeront les avis
Bien conscience qu’aujourd’hui ce n’était qu’un échauffement
Que la course va commencer, que se termine l’entraînement
Ensemble, partis pour un marathon de quelques années
Notre marathon, une vie, et que personne ne vienne en ricaner
Notre chemin va sûrement croiser quelques tartes
Nous étions déjà des battants nous allons devenir spartiates
Et toi, marathon, on se retrouvera pour un rendez-vous de moins de 3 heures
Comme elle te retrouvera sans doute et cette fois en vainqueur
Marathon, Merci, en attendant de te retrouver, on a franchi ta ligne d’arrivée
Mon bonheur c’est d’avoir vu dans ses yeux que la petite flamme s’était ravivée.

 

NOTRE MARATHON (08.12.2020)

 

 

Hors Course

C’était déjà le cas avec « performance », mais là, ce week-end que nous passons chez Delphine, je remets plus que jamais en doute mon identité de compétiteur… pas mon esprit, il est indéniable, encore qu’il se dirige davantage dans la performance que le résultat, dans cette lutte à chercher être meilleur aujourd’hui que hier, à progresser encore demain et peut-être que je sois devant ou derrière un tel tant que je donne le meilleur de moi.

Une réflexion tellement amplifiée par ton histoire, par les émotions négatives que je vois en toi par cet esprit dans lequel l’enjeu a pris le pas sur le jeu.

Avant je m’interrogeais si je pouvais être heureux sans compétition, aujourd’hui c’est l’inverse, puis-je l’être avec ?

 

A voir, entendre, lire ou vivre ci et ça, j’en ai parfois plein les bourses
Pour la première fois, je pense à vraiment à me mettre hors course
Pendant des années, mon esprit n’était tourné que vers la compétition
Mais aujourd’hui est-ce vraiment là où je viens puiser mes émotions ?
Avant il y avait ce besoin pour aller chercher au plus profond de moi
Ce temps où la soif de victoire était presque une profession de foi
Les années m’ont appris à aller dépasser mes limites sans objectif
Mes combats et espoirs suffisent à rendre mes coups de pédale plus incisifs
Aujourd’hui je m’interroge même si le moteur n’est pas devenu frein
Si la recherche d’un résultat n’enlève pas une part à mon entrain
Quand tu ne peux pas donner ton 100% pour des raisons tactiques
Quand l’esprit s’apparente parfois un peu trop aux jeux du cirque
J’ai développé du dégoût au besoin de montrer qu’on est meilleur que l’autre
Aux sourires narquois et à la satisfaction de quand ton adversaire se vautre
De ce côté un peu marche ou crève qu’on trouve même au bas de l’échelle
De cette peur de l’échec qui empêchent certains de lever le cul de la selle
Ma petite expérience de «pro» m’a démontré que je m’étais fourvoyé
Je n’étais pas à ma place, sans spontanéité, comme un lion qui essaie d’aboyer
Des coups de mou m’avait déjà fait songer à me mettre hors course
Pour la première fois quand je suis à 100% de mes ressources
Je dérange par mon côté impulsif et mes coups de gueule
Il arrive un moment où je crois que je préfère les vivre seul
Quand j’arrive à me dépasser plus sur mes séries d’intermittent
Qu’au milieu de la frénésie de la foule et des autres participants
Quand les efforts me paraissent trop courts, que je te termine encore debout
J’ai le dépassement dans la peau, je me sens bien juste quand je vais au bout
J’ai envie d’ouvrir mes horizons, découvrir des activités, escalade ou ski de fond
J’ai aussi pris rendez-vous avec moi-même, comme celui de courir un marathon
Explorer les délices d’un ironman, titiller les supplices de l’ultra
Mon corps va souffrir, j’ai encore des défis à tour de bras
M’exprimer aussi sur un ring, faire sortir cette énergie, cette violence
Me sentir meilleur sur un vélo, aller faire péter mes valeurs de puissance
Mais pour ça, ai-je vraiment d’encore épingler un dossard, n’est-ce pas un surplus
De n’être qu’un numéro, quelle valeur ce bout de papier posé sur un bout de tissu ?
J’ai des défis plus grands que franchir une ligne d’arrivée premier
A ça plutôt partager un bout de route ensemble avec un équipier
Me mettre en scène, pour de plus nobles causes encore à trouver ?
Car finalement à part à moi-même, je n’ai vraiment rien à prouver
Peut-être aussi que je doute sur ma capacité à me libérer de mes troubles addictifs
Que TCA et bigorexie appréhenderont mieux ce vivre le sport en mode plus intensif
Compétiteur ou non, je garderai toujours le dépassement de moi comme philosophie
Et en mémoire toutes ces valeurs de courage ou partage qui ont inspiré mes poésies
Même si j’ai croisé de vrais gros connards, les super rencontres ont été légion
Même si je viens plus croiser le fer, je garderai en mémoire tous ces gens bons
Je n’ai pas encore choisi, je vais hiberner un temps comme un vieil ours
Mais pour la première fois, je pense vraiment me mettre hors course

Je cours la nuit

Dans ces moments de noir où tout semble s’éclairer.
De ces nuits où la tête pense trop pour pouvoir dormir, alors elle emmène mes jambes se dégourdir le cœur.

J’avance je recule j’avance je recule je m’arrête et je me lâche
je me sens comme un phallus ou disons un magnétoscope
courageux brutal sensible fort fragile et aussi un peu lâche
plongée en moi même pour m’observer au périscope
Au rythme cyclique de mes foulées
je viens sur le sol la terre me dérouler
ce temps nocturne qui vient lentement s’écouler
tête et corps ensemble s’en vont se défouler
Je cours parfois jusqu’à en perdre haleine
parfois sur des nuages plus doux que la laine
parfois dans des tempêtes plus dures que la haine
la chaleur d’un sang bouillonnant dans les veines
J’épanche mes questions et mes erreurs
ma peau n’est pas étanche j’y verse ma sueur
ou peut-être sont-ce des pleurs
mais en ce temps je n’en reconnais les saveurs
car la sueur est la larme du corps
car les pleurs sont la pluie du cœur
je cours, faible mais ça me rend fort
le pouls de ma poitrine, je sens mon rance cœur
L’équilibre précaire entre le bien et le mal
ils se jaugent et se toisent et là ils se valent
comme cette douleur dont j’ai fait une douce sœur
comme cette douceur qui s’exprime en doux leurre
Ma plume ou mes jambes sont actives la nuit
que le ciel soit étoilé, que la bruine soit pluie
je déploie mon âme sur le papier ou le bitume
comme pour éteindre cet incendie qui me consume.

 

JE COURS LA NUIT (28.11.2019)

12. Performance

L’introspection se poursuit vraiment avec maintenant le sens que je donne à ma pratique sportive.

Depuis l’histoire de Marion, nos échanges sur la compréhension de son histoire, je m’interroge au pourquoi, à ce que je recherche dans ma pratique sportive.

N’ai-je pas moi-même été aveuglé de la lueur d’obtenir un résultat objectif…

Un profond changement de philosophie va s’opérer en moi en me questionnant sur cette passion, je suis en quête de sens, et progressivement, la compétition dans sa version classique et entendue, celle d’affronter les autres, celle de se comparer aux autres, celle d’établir un classement et une échelle de valeurs…

Tout ces notions vont progressivement s’éloigner de mes valeurs intrinsèques et cette quête va être tellement bénéfique pour les mois à venir avec la privation de la compétition par la force des choses et de cette année 2020 où je n’accrocherai que 5 fois un dossard avec envie mais sans cette ardeur que je ressentais et qui maintes fois m’avait brûlé l’âme.

Un choix et non un besoin. Ainsi devenait la compétition. Mais l’envie de me dépasser, elle, se décuplait.

Et cette ouverture d’esprit allait également me mener vers des chemins jusqu’alors inexplorés, la recherche esthétique, l’ultra endurance et le partage de cette passion sous d’autres formes.

 

Pour les sportifs au top, ceux du dimanche et pour chacun…
A la culture du résultat brut, je veux mettre un tacle
Je viens parler de performance au sens de spectacle
Je traverse la Manche, visite chez la perfide Albion
Une fois n’est pas coutume, je viens emprunter leur vision
Là où la notion de performance est d’abord celle de représentation
Là où l’essentiel est de voir en soi même la progression
A mes yeux la performance c’est donner le meilleur de soi-même
La mienne est majeure alors je viens mettre un doigt au système
Épingler un dossard rime trop souvent avec aller au donjon
Quand la compétition rime trop avec instinct de domination
Je viens mettre un coup de fouet et apporter mon objection
En termes de nuances d’aigri, je viens claquer mon indignation
Les circonstances ont fait qu’aujourd’hui je me dois plus d’implication
En quelques lignes, de performance je vous offre ma propre version.
L’esprit devra s’employer à lutter contre la peurformance
Cette crainte d’échouer est l’une de nos pires errances
Elle bride l’audace, empêchant d’exprimer qui nous sommes vraiment
De tout tenter et laisse cette frustration , l’un des pires sentiments
Cette peur qui te fait au fond de la gorge ce goût amer de reproches
Garantir une place, pour essayer de ne pas décevoir les proches
Le sport c’est se libérer, être capable s’exprimer son vrai JE
Mais trop souvent l’enjeu prend le pas sur le jeu
Arrêter de se comparer aux autres, seulement à soi-même
Développer une philosophie et sortir son esprit du système
Juste atteindre des montagnes qui te paraissaient inatteignables
Même si le résultat ne suit pas, mets ta performance irréprochable
A tes propres yeux, être fier de ce que tu as pu accomplir
Dépasser tes limites c’est ça que j’appelle vraiment réussir
Tu seras un vrai champion quand tu arriveras à courir 5 bornes
On est pas tous nés et construis pour être des athlètes hors normes
Car être premier est rarement la plus belle de nos victoires
C’est surmonter la difficulté, quand le succès est celui de l’espoir
C’est rester jeune et dynamique malgré le poids des années
C’est réussir à refaire un pas quand ton médecin te disait condamné
C’est vaincre ses doutes et revenir après avoir vécu sa repentance
C’est porter sa croix et retrouver sa route sur le chemin de la résilience
C’est revenir au top après avoir quitté le devant de la scène
C’est avoir rencontré l’addiction et retrouver une vie saine
Bref la performance n’est ni recette ni vérité, à chacun sa formule
A vous de trouver les ingrédients, à chacun sa propre bulle
Mon âme voulait livrer que la performance c’est toujours se battre
J’ai pas la science infuse, je laisse mon mur que vous puissiez débattre.

PERFORMANCE (17/11/2019 + 25/11/2019)

20. Contrôle positif

Mon texte le plus aimé sur les réseaux sociaux (70 likes et cœurs sur Facebook)
Mon texte sûrement le plus risqué mais simplement je n’ai plus peur, je me rappelle la stupéfaction et même l’ire des amis à qui j’avais annoncé le projet la veille « Vince, arrête tes conneries ! » mais non j’en ai envie. Pour la petite histoire, j’avais bien avancé le texte « contrôlé négatif » à peine plus d’un mois avant, les circonstances me font changer le titre, pas l’orientation…
On me reprochera mon soutien à Marion, ma naïveté… ? Non. A ce moment-là, je n’ai aucun doute qu’il s’est passé quelque chose mais dans mon esprit, ce n’est pas sa nature.
On est à J+12 de l’annonce de Marion et je surfe sur ma vague « état de grâce, peur de rien » ; le soir même, je publierais sur mes TCA…

J’avais prévu le thème depuis longtemps, je sais que je vais faire polémique
Mais je sais déjà aussi, avouez le, vous aimez bien quand je vous pique
Je vais y mettre tout mon cœur, quitte à rester sur le carreau, ce serait pas très fl.atteur
Je vais me démasquer, aujourd’hui c’est le sang de ma plume qui passe au révélateur
Un soutien sous forme de contrepied sémantique à ma petite sœur d’arme
Merde je peux pas me tromper, c’est la même pureté que j’ai vu dans nos larmes
Bref vous avez un peu compris je vais poser ma prose sur le fil de la seringue
Mais j’ai confiance ça fait des plombes que ma plume est mon meilleur flingue
Et je l’ai chargée de mots et de concepts que je vais porter au naturel
Je vous ai déjà offert un échantillon, mon flacon est tout sauf artificiel
A peine parti, je me shoote par Emission de Positives Ondes
Je m’en mets plein les narines et je profite de chaque seconde
Je me dilate les artères à chaque bouffée que je prends de la nature
Je suis accro au vélo, addict comme on le serait à une drogue dure
Peu importe le terrain, je me Lance et file comme un a.stéroïde
Livré comme sur un plateau, peu importe qu’il soit rond ou ovoïde
En fait ta mine me suspecte d’avoir recours aux hormones
Ma production d’émotions est endogène alors ton test, oh, s’errone
Car oui je suis contrôlé positif aux endorphines que je sécrète
Regarde mon encéphalogramme, j’ai un petit vélo dans la tête
Chaque sortie sonne en moi comme une bouffée d’oxygène
Je dois plaider coupable que j’ai le vélo dans mes gênes
Corps et âme sont suspendus au temps que dure mon parcours
Il se produit tant de sensations que j’en suis jamais à court
Je sale une soupe de mille et une saveurs, au goût de l’effort
C’est très stimulant de sentir que ta passion te rend fort
Sur le vélo, j’injecte en moi tellement d’Emotions Puissantes et Orgasmiques
Ca me parcourt les veines, plus efficace que n’importe quel antibiotique
Et s’il est avéré que chaque descente m’offre sa dose d’adrénaline
Je reste toujours sous contrôle, haussant mon taux de dopamine
Et une petite piqûre de rappel à tous ceux qui doutent
Sur le vélo, c’est à la positive attitude que je me shoote
Ma pratique cycliste peut être excessive mais ça reste inoffensif
Un besoin, qu’au niveau de mon état d’esprit je sois contrôlé positif

Dans le peloton

Dans le peloton, ce long serpent multicolore
Qui sur les routes de France et d’ailleurs fait le décor
Dans le peloton il y a une vie fascinante, un vrai monde à part entière
Comme tout univers, il a ses règles, il a ses codes, il a son atmosphère
Du vent à dompter, des adversaires à affronter et des routes à gravir
Ce petit monde parfois méconnu que je vous invite à découvrir
J’aime le souffle du vent dans le peloton
Pas celui de face, qui favorise les ratons
J’aime quand le vent a envie de jouer,
Qu’il nous prend de côté
Qu’il met de la tension dans le paquet,
Et qu’ça s’met à frotter
J’aime le dessin que font les éventails
Quand c’est le peloton que les vents taillent
Que les groupes se ventilent, qu’il y a la grosse bataille
Quand les puissants montrent les muscles, qu’ils défouraillent
J’aime cette phase d’action sauf si je suis dans la bordure
Où il faut aller au bord de ses limites et espérer que ce bord dure
Là où il faut bien se placer ça chahute pour pas prendre de cassure
Là où quand embrayent les flahutes, ça casse, sûr
Quand se rapproche l’arrivée, il règne dans le peloton une certaine agitation
Les équipes de sprinters préparent le terrain et entre en action
À grande vitesse il mène le train et gare à l’entrée en station
Ca charbonne dur, on contrôle qu’aucun voyageur ne puisse s’extraire du wagon
À la flamme rouge, on est à toute vapeur, il faut mettre son sprinter sur les rails du succès
Les lanceurs sont des locomotives qui mettent de l’entrain et parfois à l’excès
Faut dire que les sprinters sont des passagers agités, comme sur des strapontins
Les seigneurs de la vitesse jouent des coudes et du casque comme des diablotins
Aux 200 mètres, les gladiateurs sont maintenant en prise au cœur de l’arène
Un combat viril, garder sa place une fois qu’on a pris les rênes
À ce jeu-là, on retrouve les grosses cuisses à l’avant du paquet
À puissance maximale, les watts hurlent sur le grand braquet
On y retrouve souvent les pistards, les princes du parquet
La rage se lit sur les visages qui crie la violence d’un effort au taquet
L’œil est celui du tigre, déterminé, regard rivé sur la blanche ligne
On jette le vélo, un dernier souffle, un ultime coup de rein et des adversaires qu’on aligne
Sitôt le Rubicon franchi, le sprinter clamera sa hargne contre son guidon ou le poing rageur
Des fois l’attente craintive de la photo, ce centimètre qui sépare la désillusion de la joie du vainqueur
Et puis il y a ces étapes où la troupe s’écarte des plaines
La plénitude des grands espaces, les alpages comme scène
Le peloton va se casser les pattes sur des terrains escarpés
Et déjà nos sprinteurs deviennent des buffles à l’arrière du paquet
Autre territoire, contraste avec l’aisance de ces chamois, vrais acrobates des cimes
Le mollet fin, la joue creusée, ils viennent virevolter quand le peloton se décime
Une silhouette légère, l’air dansant quand la pente se redresse, que la foule se transcende
Elle ne s’y trompe pas, c’est ici que le cyclisme a apposé ses lettres de noblesse, là où s’est écrit sa légende
Vaincre l’adversité, vaincre la pente, vaincre le manque d’oxygène
Conquistadores des temps modernes, vainqueur jusqu’au bout des gènes
Et le combat se prolonge, c’est maintenant l’autre versant qu’il faut dévaler
Plongé dans l’adret, plein d’adrénaline, les bornes à pleine vitesse sont avalées
Virtuose des trajectoires, dans les épingles comme dans les larges courbes
À tombeau ouvert et au bord du précipice, négocier les dangers, les virages fourbes
Pour pouvoir triompher et savourer en solitaire la gagne
Il est venu, il a combattu, il a vaincu la montagne
La vie dans le peloton c’est encore bien d’autres aventures
C’est affronter les chutes, être capable de se relever de ses blessures
C’est affronté les chemins de pierre, les monts et même les pavés
Lutter contre la terre mais aussi contre le ciel quand les éléments il faut braver
La chaleur, le froid, la pluie, la grêle, la nature aussi peut nous en faire baver
Une lutte permanente, seuls les braves pourront dans l’histoire avoir leurs noms gravés
Lutter aussi contre soi-même contre ses faiblesses et ses moments de doute
Toutes ses raisons qui font que dans le peloton, on nous appelle forçats de la route

 

« Dans le peloton » (27.08.2019)

Cœur de sportive

Nous sommes tout juste un mois avant le 20 septembre, je sais qu’il y a un problème avec ton équipe et ton manager mais je n’en ai évidemment pas pris la pleine mesure.
Je pense à toi en écrivant les lignes de ce texte mais je pense d’abord à Chloë, qui vient de passer quelques jours chez moi pour les championnats de France, qui s’est de nouveau confiée à nous sur sa mauvaise expérience belge…
Un message de soutien pour elle, pour toi, pour toutes les sportives qui doivent faire face à tant de défis… je ne savais pas que je collais autant à ton histoire…

Déjà toute jeune, je ne tenais pas en place, fillette pleine d’énergie
Plutôt du genre à aller au gymnase qu’à jouer avec Barbie
Oui l’image est un peu clichée mais peu importe j’avais déjà le sport dans le sang
Les années ont passé, la gamine est devenue femme mais vit le sport à 100%
De l’extérieur tout paraît beau, facile, l’image est attractive
Mais chaque décor a son envers, voilà ce qu’il en est d’avoir un cœur de sportive

J’évolue à haut niveau mais professionnelle ce serait beaucoup dire
Les gains ne sont pas à la hauteur des performances, suffisent pas à assurer l’avenir
Ni footballeuse, ni tenniswoman, je suscite peu d’intérêt médiatique
Je ne recherche pas la gloire mais j’aimerais exister en dehors des jeux olympiques
Deuxième échelon mondial, rarement sur les podiums mais une carrière plus qu’honnête
Mais sacrifice et engagements ne paient pas les factures, ne remboursent pas les dettes
Je ne me plains pas, me battre contre les difficultés c’est aussi ce qui me motive
Ce combat quotidien c’est ce qui me donne mon cœur de sportive

Pas facile donc sur le plan financier j’ai du mal à boucler les fins de mois
Je dois cumuler le sport avec un job alimentaire, vie à double emploi
Composer à mon patron, négocier mes horaires, mes jours d’absence
Venir travailler au retour des compets, après mes entraînements et vivre sans vacances
Rattraper mes heures à la saison creuse, idem aussi si je suis des études
Étudiante ou/et active, c’est la même galère, parfois la même lassitude
Car parfois je me demande si ça vaut le coup, toujours se battre, être active
Mais très vite ma passion reprend le dessus, c’est ça d’avoir un cœur de sportive

Pas facile des fois avec mon entraîneur qui aimerait que je puisse en faire plus
On est sans cesse à composer, à rechercher plans B et astuces
Il doit aussi parfois gérer mes caprices et mes sautes d’humeur
Mes périodes de doute, mes périodes et mes doutes de coeur
Heureusement il croit en moi et m’aide à devenir une meilleure athlète
Il est là aussi pour mon mental, un soutien quand ma tête n’est pas à la fête
Il sait avoir les mots qui réconfortent comme ceux qui m’invectivent
Car c’est à la fois dans la tête et le corps que j’ai un cœur de sportive

Pas facile avec mon manager qui me demande d’être présente sans me donner un centime
Sans compter qu’il est des fois indélicat ou parfois un peu trop intime
Pas facile avec le public ou certains médias, quand y a des fois un peu d’abus
Où la mysoginie règne, où les performances sont mises en retrait de nos attributs
C’est vrai qu’on est des fois vexées du manque de reconnaissance
Un peu de jalousie aussi par rapport au sport masculin qui vit avec plus d’aisance
Pas facile des fois avec nos propres coéquipières, nos paroles tranchantes comme des incisives
On se crêpe le chignon, fait dire qu’on a le caractère qui va avec notre cœur de sportive

Mais le plus dur à gérer c’est parfois avec ceux qui nous sont les plus proches
S’ils sont les premiers à nous soutenir, c’est aussi d’eux d’où viennent les reproches
On a beau être au XXIè siècle, les vieilles mentalités ont parfois la vie dure
Quand la pression sociale remet en cause nos choix, voudrait nous imposer un futur
Les choses ont évolué, quand on pense qu’il y a cinquante ans, on pouvait pas courir le marathon
Mais quand j’entends mariage, horloge biologique ou femme au foyer, je rêve parfois d’être un garçon
Mais je continue d’avancer, pour changer les pensées, être une pionnière
Quand je vois ce qui se passe encore dans certains pays je me dois d’être une guerrière
Un engagement et une détermination de tous les jours, comprends que je puisse être excessive
Un corps, un mental et de la détermination, petit bout de femme et vraie cœur de sportive

04. Le possédé

Un texte profondément déclencheur, écrit sur les hauteurs de l’Alpe d’Huez au col de Sarenne…
Qu’en aurait-il été sans cette montée au sommet du col du Galibier, la veille. Entre 2 claquements de dents sur cette montée, je me disais « tu es vraiment un possédé » pour préférer ça que revenir à ta voiture.
Je ne savais pas que ce simple petit choix, d’apparence futile, allait sûrement changer le cours de ma vie, et certainement pas seulement de la mienne.
Le choix d’une action dans le passé détermine ce que l’on est maintenant. Le choix de nos actions dans le présent détermine ce qu’on sera au futur.
C’est ce jour-là que je reprends l’écriture, avec tout ce que ça impliquera.

Face à la difficulté,
il est seul à pouvoir s’aider
derrière une âme éreintée,
il fléchit sans ne rien céder
il est habité par sa passion,
il est un obsédé
il cohabite avec ses démons
il est un possédé
il part souvent s’isoler,
à la recherche de bonnes ondes
toujours l’air pressé,
comme pour exploiter chaque seconde
la violence est familière sur sa route,
il est toujours en lutte
et quand il domine enfin ses doutes,
il ne veut pas perdre une minute
de ces êtres sans équilibre
entre la détresse et le bonheur
il veut se sentir libre
quand son horloge trouve la bonne heure
il a sa propre définition
de ce qu’on appelle le bon temps
quand il prend la bonne décision
celle de vivre son instant
il s’enivre de la nature
et de ses doux parfums
quand son âme devient mâture
lui laisse suivre son instinct
sa vie est hors des normes
il est parfois vu comme un hérétique
sa vie il lui donne une autre forme
il a sa propre aire éthique
il est habité par sa passion
il est un obsédé
il cohabite avec ses démons
il est un possédé
il est loin d’avoir de grands rêves
mais ce sont les siens
il avance jusqu’à ce qu’il crève
même s’il n’obtient rien
ou plutôt il ne rêve pas de grandeur
juste d’être lui-même
de l’espoir de la grande heure
ou la vie prend le pas sur les problèmes
il restera toujours de glace,
il restera toujours poli,
mais derrière la carapace
il ne reste que sa folie
inutile de vouloir le raisonner
il n’en fera qu’à sa tête
son monde ne fait que commencer
là où le vôtre s’arrête
ce n’est pas un rôle,
il se construit dans la démesure
quand il n’y a plus de contrôle,
que ça devient une course d’usure
il a ce besoin de s’aérer
il n’est bien que dehors
il est en quête de liberté
la seule chose qui vaut de l’or
c’est en prenant de l’altitude
le bleu du ciel et les montagnes en paysage
qu’il trouve la bonne attitude
qu’il trouve la paix, que son âme devient un pays sage
il a le regard fier,
il a le cœur lourd
comme un gant de fer
et sa main de velours
il est habité par sa passion
il est un obsédé
il cohabite avec ses démons
il est un possédé

 

LE POSSÉDÉ (10.07.2020)

01. Passion

J’écris ce texte à l’aube de l’hiver 2015, alors que je viens de reprendre doucement le cyclisme, après ma fracture du bras un mois auparavant.

Je subis à cette occasion ma première vraie blessure. Cette passion brûlante, dévorante, me manque. On se rend d’autant compte qu’une chose nous manque quand on en est privé.

 

Je ne trouve plus mon Larousse alors j’écris ma propre définition
A mi chemin entre partage et patience se trouve le mot passion
Associé souvent à l’amour ou la religion, elle est une clameur
Un séisme émotionnel dont l’épicentre est l’âme ou le cœur
D’une façon ou d’une autre chacun pourra la ressentir
Elle dirigera actes et pensées pour le meilleur et pour le pire
Pour chacun de nous, c’est un puzzle aux différentes facettes
Car la passion est une aventure où chacun compose sa recette
Elle aura chez chacun sa propre forme, ne vous risquez pas à le juger
La passion est une chose noble, que l’on protège de vos préjugés

J’ai parfois perdu le sens de ma vie, à en perdre la raison
A en lire tout un bouquin, je n’ai gardé que le mot passion
La société lui dira qu’y renoncer est le seul choix légitime
Que continuer le combat apparaîtra pour elle une folie ultime
Rappelez vous qu’un passionné est habité par sa foi
Qui au fond de lui aura la conviction de faire le bon choix
Quitte à tout brûler, à tout perdre, il gardera son âme intacte
Sa vie sera rude et son combat aura son lot d’impacts
Mais s’il jette l’éponge, il ne sera plus jamais lui-même
Au passionné l’abandon comme au croyant le blasphème

J’ai ouvert mon dico de synonymes, il m’a indiqué ardeur et émotions
Au pluriel, car elles se décuplent quand j’évoque le mot passion
Il s’inscrit dans un contrat, de ceux auquel on est fidèle
Une sorte de pèlerinage, à leurs yeux un voyage essentiel
N’essayez pas de les raisonner, la foi guide leurs chemins
Fixés sur leur but, besoin de personne pour lui tenir la main
Leur voyage est une quête, inconnue de vos esprits
Leur histoire riche de sacrifices dont eux seuls connaissent le prix
A chaque carrefour, son engagement demandera des preuves
Mais la rage de vaincre surmontera toutes leurs épreuves

Sur la carte, je n’ai pas trouvé de territoire nommé passion
Puis j’ai compris que c’était un voyage et non une destination
Qu’elle nous habite, que ce n’est pas un mirage
Même s’il est souvent impossible de lui donner un visage
Bien d’autres mots lui viendraient en écho, chatouillant les 5 sens
La passion est une direction, on suit les flèches qui avancent
Pour les plus tourmentés, ce sera un sens unique pour l’équilibre
Un chemin précaire et sinueux mais le seul pour les rendre libres
La passion est une tornade capable de renverser des destins
Si tu la croises sur ta route, elle pourra réaliser tes desseins

Je ne trouve plus mes mots mais je reconnais ma passion
Elle est ancrée en moi et m’habite comme une obsession
A terre ou dans les cordes, n’avoir de cesse que d’avancer
Là où la raison s’arrête, la passion ne fait que commencer
Savoir qu’y renoncer serait la plus grande des bêtises
Que notre âme ne survivrait pas à cette traîtrise
Elle coule dans notre sang, elle est notre orgueil
Car jamais de nos rêves on acceptera de faire deuil
Et si jamais tu réussis à nous changer, à ce qu’on quitte cette vocation
C’est qu’on s’était trompés de terme en employant le mot passion.

(PASSION – 15/12/2015)

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